Avec la présentation publique de l’ID.Buzz, le nouveau van 100% électrique de la marque, Volkswagen pose ce mois-ci un nouveau jalon sur la voie de son évolution, direction « zéro émission ». En tout juste 2 ans, le géant allemand a complété sa gamme de façon spectaculaire, rappelant, en miroir, la dynamique qui, il a une cinquantaine d’années l’a inscrit dans l’histoire avec des véhicules devenus mythiques et toujours recherchés. De quoi se repencher sur les 3 Volkswagen incontournables de l’histoire de la marque, du secteur automobile mais aussi de la société et de la pop culture, qui donnent envie de suivre le challenge que le groupe s’est fixé pour les prochaines décennies : la pole position, toujours, mais en version électrique cette fois.
La Golf : née pour durer
Elle approche de la cinquantaine, et semble indétrônable. La Golf est la petite sœur de la Coccinelle, imaginée par Volkswagen pour lui succéder, ce qui était un véritable pari.
Avec huit générations au compteur et quelques versions de légende, elle est surtout le plus gros succès commercial de la marque : plus de 35 millions d’unités vendues dans le monde depuis sa mise sur le marché. Et pas d’essoufflement en vue, en Europe Volkswagen en a écoulé 200 000 l’an dernier : elle est ainsi la voiture qui s’est le plus vendu sur le continent en 2021, toujours voiture préférée des Européens. Rien que ça.
Succès immédiat
Golf, c’est en référence au Gulf Stream : le constructeur semble en effet affectionner les noms de vents (voyez la Scirocco mais aussi la Passat, qui est le nom allemand d’alizé). Mais sachez qu’elle a bien failli s’appeler Blizzard. Cela aurait-il changé l’histoire ?!
Dès sa sortie en 1974, la première génération baptisée MkI s’impose sans tarder : son design (signé par l’italien Giorgetto Giugiaro) séduit immédiatement le public, compacte avec son hayon, abandonnant les courbes de sa prédécesseure pour des lignes saillantes et sportives. Visuellement moderne, techniquement innovante : traction avant, moteur à injection, 110 CV dans ses 800 kg, la GTI qui sort en 1976 impressionne, et restera la plus mythique aux yeux des aficionados, avec la Golf IV R32 (2002).
Au fil des générations (simplement numérotées de 1 à 8), Volkswagen ne cessera de proposer des évolutions, une silhouette qui s’arrondira au fil du temps, et épisodiquement des versions insolites et amusantes, comme le modèle Country (1990), imitant un 4×4 avec son châssis surélevé et sa roue de secours extérieure. Au fil du temps, la Golf, toujours présente et apparemment jamais décevante, s’est ainsi inscrite dans les gènes de plusieurs générations.
Et aujourd’hui ?
Toujours dans le circuit, le modèle actuel commercialisé par la marque est la Golf VIII.
En 2014, une version électrique e-Golf a fait son apparition, mais elle a tiré sa révérence au bout de 6 ans de production et 145 000 unités, le constructeur préférant miser sur l’ID.3, modèle « zéro émission » de même gabarit, inaugural de la gamme ID.
Réputée pour sa fiabilité et sa durabilité, la Golf garde toujours la cote à la revente auprès les conducteurs à la recherche de Volkswagen d’occasion, elle arrive même en tête dans ce secteur toutes marques confondues dans certaines régions françaises, comme l’Alsace.
Le Combi : sur les routes de la légende
A ce degré de légende on ne parle même plus d’un véhicule, mais d’une icône. Le combi fut celui qui emmena sur les chemins de l’émancipation et du vagabondage les acteurs de la contre-culture, celui aussi qui traça la route des vacances de la jeunesse comme des familles, celui enfin qui occupe dans la mémoire collective une place affective synonyme d’aventure et de liberté. Deuxième véhicule commercialisé par le constructeur et deuxième coup de génie, il a tiré sa révérence en 2014 après pas moins de 63 ans de service. Et bien qu’en Europe la production se soit arrêtée en 1990, il a mis longtemps à se raréfier dans le paysage routier.
Moteur à l’arrière, deux yeux tous ronds à l’avant : une allure qui dans son pays natal lui vaut le surnom de « Bulli », en référence au bouledogue et pour sa ressemblance lointaine avec le mini molosse. En France et ailleurs, ce sera Combi, dérivé de «Kombinationenwagen » c’est-à-dire multi usages en langue allemande. Volkswagen en commercialisera trois générations : T1, T2, et enfin T3, cette dernière déplaçant le moteur à l’avant. Avec des aménagements conçus par Westfalia pour un caravaning intégré et pratique, il est également l’ancêtre du camping-car.
Une icône pop
La silhouette unique et l’esthétique colorée du Combi (qu’elle soit de série ou customisée) se sont naturellement bien souvent invitées au cinéma. Dans Little Miss Sunshine, grand succès de l’année 2006, c’est dans un T2 que se déroule le road-trip déjanté de la famille Hoover, dont il est un membre à part entière aussi bien qu’un héros du film. Dans Retour vers le Futur (1985) c’est en Combi que débarque le groupe terroriste Lybien qui précipitera le voyage dans le temps de la DeLorean de Doc. Et quand Josiane Balasko réalise son célèbre Gazon Maudit en 1995, c’est au volant d’une version bariolée façon hippie qu’elle choisit de débarquer, bouleversant la vie de Laurent et Loli. Le van Volkswagen est donc bien une icône pop, et la marque américaine de voitures miniatures Hot Wheels ne s’y est pas trompée en intégrant un T1 dans sa toute nouvelle collection « Pop Culture ».
Et aujourd’hui ?
Le combi est toujours recherché sur le marché de l’occasion, les modèles les plus vintage attirent les collectionneurs et restaurateurs automobiles, les plus récents circulent dans les circuits de revente ordinaires. Sur certains lieux touristiques, il rencontre toujours le succès en location, auprès d’une clientèle à la fibre nostalgique. Enfin, à Hanovre en Allemagne, dans l’atelier Voitures Anciennes de Volkswagen Véhicules Utilitaires, on restaure les combis avec passion pour des concessionnaires ou des particuliers. On y apprend qu’un T1 bien conservé peut valoir 200 000 € !
L’arrivée de son petit-fils électrique, l’ID.Buzz, prévue à l’automne 2022, est très attendue. Comment prendra-t-il la relève ?
Irrésistible Coccinelle
La meilleure pour la fin ? Avec 23,5 millions d’unités en 65 ans d’existence, elle est la voiture la plus vendue de tous les temps. Qu’on la nomme Beetle, Bug, Käfer, Carocha ou Coccinelle, elle est si emblématique de son siècle qu’on ne la présente plus.
Et l’on peut dire qu’elle est allée bien au-delà de ses ambitions : conçue dans les années 1930 à la demande d’Adolf Hitler (qui confia cette tâche à Ferdinand Porsche), elle devait être pratique et bon marché afin d’équiper chaque foyer allemand. Ainsi fut-elle le premier véhicule mis sur le marché par Volkswagen, le nom de la marque signifiant « voiture du peuple ».
Presque humaine
Ses qualités exceptionnelles ont permis à la petite voiture de dépasser dès l’après-guerre ses sinistres origines, pour décoller à l’international : elle sera la première voiture étrangère à s’imposer sur le marché des Etats-Unis, puis des 3 Amériques. C’est d’ailleurs au Mexique qu’est sortie la toute dernière Coccinelle de l’histoire, c’était le 10 juillet 2019.
Il n’en fallait pas plus pour que Walt Disney s’en empare et lui offre une médiatisation considérable à travers une saga en 5 films commencée en 1969 avec Un Amour de Coccinelle. Du succès commercial elle passe alors au succès populaire, le cinéma lui donnant véritablement vie : la Coccinelle du film (un modèle 1963) porte un nom et est douée d’intention. En France, c’est une fille et elle s’appelle Choupette. En VO, c’est un garçon nommé Herbie. La voici devenue une légende, petite reine de la culture populaire elle fait partie des voitures les plus couramment reproduites en modèles réduits. Pour l’anecdote, enfin, on aperçoit un modèle 1968 garé le long de la chaussée sur la pochette légendaire de l’album Abbey Road des Beatles.
Et aujourd’hui ?
Adulée par les collectionneurs et les passionnés, la « Cox » est une incontournable des évènements auto vintage, et en circulation, certains de leurs heureux conducteurs continuent à s’échanger lorsqu’ils se croisent le signe de reconnaissance distinctif des « VWistes » (le pouce et l’auriculaire levé pour former un V). C’était donc un challenge à la fois tentant et risqué qu’a relevé Volkswagen en revisitant ce modèle mythique pour en lancer une version modernisée à l’aube du XXIème siècle : la New Beetle, commercialisée en 1998, puis la Beetle dite Coccinelle III de 2011 à 2019. Difficile de connaître le même succès que le modèle d’origine, mais elle a su trouver son public, les faveurs de la presse spécialisée et désormais du marché de l’occasion. Pas de version électrique en vue, mais avec Volkswagen, difficile de dire si l’histoire s’arrête vraiment là.